Sècheresse dans nos communes, une réflexion personnelle…


 Cela ne vous aura sans doute pas échappé, la sècheresse est devenue une préoccupation majeure au cours de ces dernières semaines, occupant petit à petit l’essentiel de notre actualité…

 

Mais qu’en est-il réellement ? Quelle est la situation dans notre département ? Quelles en seront les conséquences à court et moyen termes ? Que pouvons-nous faire individuellement ou collectivement, à notre échelle, pour en limiter les effets ?

 

Ce document reste avant tout le fruit d’une réflexion et analyse personnelles qu’il me semblait utile, voire opportun, de partager avec vous.

 

Chacun de nous se souvient de la période de sècheresse de l’été 2022. Celle-ci était directement liée à un puissant anticyclone et c’est ce même phénomène qui s’est produit en France durant ce mois de février dernier. Un anticyclone qui repousse les précipitations et favorise l'évapotranspiration des sols par des températures plus élevées que la moyenne. Si les anticyclones ne sont pas plus fréquents qu’avant, « les émissions de gaz à effet de serre et le réchauffement climatique qu'elles provoquent contribuent à les rendre plus intenses et plus étendus », souligne Davide Faranda, climatologue au CNRS. Ces phénomènes climatiques intenses sont bien évidemment appelés à se multiplier sans mesures suffisantes pour limiter la hausse des températures mondiales.

 

Ainsi ce mois de juillet 2022 s’est inscrit comme le second mois le plus sec enregistré en France, le mois de mars 1961 gardant la pole position depuis le début des enregistrements météorologiques en France (1958). Ce mois de juillet 2022 avait enregistré un déficit pluviométrique national de 84%, devenant le mois de juillet le plus sec jamais observé dans l'hexagone ! À échelle nationale, le cumul moyen de pluies ne fut que de 9,7 mm et de très nombreuses stations avaient enregistré des cumuls mensuels compris entre 0 et 5 mm. Intervenant après un premier semestre 2022 anormalement sec, ce dorénavant fameux mois de juillet avait entraîné des conséquences dramatiques en accentuant la sécheresse et en favorisant de nombreux incendies aux quatre coins de la France.

 

Notre département du Lot n’a bien évidemment pas échappé à cette sècheresse comme le montrent les courbes ci-dessous, basées sur des relevés effectués à Cahors au cours des cinq dernières années.

 Si cette sécheresse de l’été 2022 a eu des effets incontestables sur notre environnement, comme l’attestent ces quelques photos prises sur notre commune de Belmont sainte Foi au mois d’aout dernier,

 Il est important de revenir sur l’histogramme des précipitations présenté auparavant, pour constater que cette fameuse sècheresse, faisait pourtant suite à une année 2021 riche en précipitations.

 

La question que l’on se pose tout naturellement à la suite de ces quelques constatations est, quelles auraient été les conséquences d’une telle sècheresse estivale après une année de déficit pluviométrique ?

 

« La période optimale pour avoir les précipitations les plus utiles est celle allant de septembre à mars. C’est la période de recharge des nappes phréatiques, celle où l’eau s’écoule plus facilement puisque la végétation a moins besoin d’eau, capte moins. C’est aussi la période où les précipitations sont les plus abondantes, c’est cette période qu’on surveille puisqu’elle est décisive pour le reste de l’année. Or là, on est mal parti, puisqu’on a une période recharge qui est très déficitaire. Les précipitations du mois de mars et avril seront décisives pour la situation hydrique en France », indique Christine Berne de Météo-France pour qui « la situation est très préoccupante… »

 

Bien que le mois de mars ne soit pas terminé, rien ne nous empêche de nous intéresser à la variabilité des cumuls de précipitation déjà observée dans notre département sur la période septembre/février.

Sur cette période, donc propice au rechargement des nappes phréatiques, nous constatons pour l’hiver 2022/2023 un déficit de -45% par rapport à 2019/2021 et de -35% par rapport à 2021/2022 !

Et les spécialistes s’accordent tous pour dire que les précipitations, enfin de retour en ce mois de mars, ne suffiront pas à combler ce déficit de pluie.

 Il sera donc impossible de reconstituer nos réserves en eau d’ici à la prochaine période estivale, nos nappes phréatiques resteront donc bien en deçà du niveau qu’elles avaient avant l’été 2022 !

 

À court terme, Serge Zaka (docteur en agro-climatologie) estime indispensable « d'anticiper dès maintenant pour prendre des mesures et moins pomper dans les nappes phréatiques » plutôt que d'attendre les arrêtés de restriction de consommation d'eau cet été, quand il sera trop tard. « En 2022, on a vu la sécheresse arriver, mais on n'a rien fait… »

 

Car, si la sécheresse de l’été dernier avait atteint des sommets, avec près de 700 communes ayant rencontré des difficultés d’approvisionnement en eau potable, elle pourrait donc s’avérer encore bien pire cette année puisque cet hiver, contrairement à celui l’année passée, constitue déjà une période d’important déficit pluviométrique.

 

S’il ne fait plus aucun doute que le réchauffement climatique est à l’origine de ces phénomènes de sécheresse et que la réponse à ce problème reste affaire de politiques et de décisions à l’échelle internationale, comment pouvons-nous, nous Lotois, à notre échelle, collective et individuelle, agir pour tenter d’atténuer les effets d’un possible nouvel épisode de sècheresse au cours de l’été prochain ? Effectivement un nouvel été sous le signe de la sècheresse pourrait entrainer des conséquences encore plus graves sur l'agriculture, l'élevage et la vie quotidienne des habitants.

 

Il est donc important de sensibiliser la population sur l'importance qu’il y a de préserver les ressources en eau et de prendre des mesures pour l’économiser. Les images de nos paysages arides et les courbes présentées auparavant, doivent inciter chacun à agir pour préserver cette ressource vitale.

 

Aussi, devons-nous à titre individuel, limiter dès à présent nos captations dans les nappes et les cours d’eau, afin de préserver cette ressource et de la réserver à l’élevage et à l’agriculture, activités essentielles de notre territoire.

Au-delà du problème de la baisse des réserves d'eau, la sécheresse a également eu un impact sur la végétation de notre département. L’été dernier nos champs ont été brûlés par le soleil et les arbres ont perdu leurs feuilles prématurément, entrainant ainsi des conséquences sur la faune et la flore locales. Aujourd’hui plus encore, il n’est pas certain que notre végétation, eu égard aux circonstances actuelles, puisse survivre à un nouvel épisode de sècheresse. Alors faut-il s’attendre à voir définitivement disparaitre certaines espèces végétales de notre environnement, campagne et agriculture, la nature devant naturellement s’adapter à ces nouvelles conditions climatiques ?

 

Au niveau individuel, nous pouvons aussi anticiper ces changements et en limiter certaines conséquences, en adaptant par exemple nos propres jardins, potagers ou d’agrément, à ces nouvelles conditions et en privilégiant des espèces locales et moins gourmandes en eau à certains types de plantations parfois trop exotiques ne supportant pas la sècheresse…

Au-delà de la transformation de nos paysages, la sècheresse dans nos campagnes tendra aussi à fortement augmenter les risques d’incendies sur notre territoire. Là encore, il appartient à chacun de prendre en amont, les mesures nécessaires pour protéger nos cadres de vie et nos populations vis-à-vis de ces risques d’incendies.

En adoptant des comportements responsables et durables, nous pouvons limiter les impacts de la sécheresse et des risques d'incendies inhérents, et ainsi protéger notre cadre de vie pour les générations futures.

 Sur ce point, il est essentiel que nous, habitants du Lot prenions des mesures de prévention pour limiter les risques d'incendies en entretenant les périmètres de végétation autour de nos propriétés. Cela peut inclure le débroussaillage, l'entretien régulier des parcelles, l'élagage des arbres et des arbustes (avec élimination des résidus de coupe) et le maintien des allées de circulation dégagées. Aussi, il est primordial de se renseigner auprès des autorités locales pour connaître les règlements en vigueur en matière de débroussaillage et d'entretien des terrains - pour rappel il existe une Obligation Légale de Débroussaillage (OLD) sur notre territoire - pour d’une part éviter les éventuelles sanctions prévues par la loi, mais surtout pour assurer la sécurité de tous.

 

Donc oui, si la lutte contre le réchauffement climatique reste affaire de politiques et de décisions à l’échelle internationale, nous pouvons à notre niveau agir individuellement et collectivement pour tenter d’en minimiser certains effets et préserver au maximum nos cadres de vie.

 

Oui nous pouvons agir pour préserver la ressource en eau en limitant tout simplement nos propres captations dans les nappes et les cours d’eau, afin réserver cette ressource en priorité à l’élevage et à l’agriculture, activités essentielles de notre territoire.

 

Oui nous pouvons aussi globalement préserver cette ressource, y compris sur nos réseaux d’eau potable, en sélectionnant tout simplement pour nos jardins des espèces végétales plus sobres et mieux adaptées à nos conditions climatiques.

 

Oui nous pouvons agir pour tenter de préserver notre environnement et assurer la sécurité de tous en appliquant tout simplement les consignes d’entretien et de débroussaillage de nos parcelles, telles qu’énoncées dans l’OLD applicable sur notre territoire.

 

Article rédigé le 9 mars 2023.

 

 

Thierry Romanet – Conseiller Municipal

 

Référent Commission environnement et transition écologique